PRESSE. Sous l’apparente folie, l’écriture.? C’est ainsi que débutera ce marathon Zorn. Avec Illuminations, une œuvre enregistrée sur son album Rimbaud en hommage au poète français, John Zorn s’engage dans la voix d’un jazz avant-gardiste des plus percussifs. Une pièce portée par un piano fougueux impeccablement écrite, fonçant tête baissée, qu’une rythmique free comme jamais propulse vers une ivresse folle. L’ivresse sera exclusivement vocale avec The Holy Visions, pour laquelle cinq chanteuses rendront hommage à Hildegard von Bingen, influente religieuse bénédictine mystique, compositrice et femme de lettres du XIIe siècle. Des voix aux cordes, il n’y a qu’un pas à franchir pour Zorn qui signe avec The Alchemist, un quatuor à cordes interprété par les Arditti.

Avec The Dreamers, ensemble né avec l’album The Gift et qui s’impose comme son médium le plus séduisant et créatif, Zorn tisse une nouvelle étoffe jazz inspirée par diverses musiques populaires, qu’elles soient rock, blues ou world. Une  géniale embardée tantôt agitée, tantôt poétique, portée par la guitare de Marc Ribot et ses sonorités vintage, empreintes de surf music. Avec The Concealed, les sens de John Zorn et de ses Dreamers se déplacent vers des saveurs plus exotiques, voire  orientales, comme l’indique le sous-titre de ce projet : secrets ésotériques et traditions cachées d’Orient. Les influences klezmer, sépharades et hispanisantes viennent transpercer le corps de ce jazz quasi-chambriste où la mélodie est toujours magnifiée. Assez éloigné des sons d’Acoustic Masada, qui bien qu’à géométrie variable (grand ensemble, acoustique, électrique, etc.) reste l’un des projets phare de sa vie musicale, Zorn puise dans ses racines juives dans lesquelles il invite  l’esprit de l’héritage de la musique d’Ornette Coleman.

Pour The Song Project, John Zorn irradie sa musique de voix et de mots. De la matière triturée par le furieux Mike Patton et le  songwriter jazz et folk Jesse Harris, qui trempent dans le mot et le verbe, le répertoire du compositeur/saxophoniste. Comme une rétrospective inspirée et originale donnant encore plus de relief à la musique de Zorn. C’est aussi cette voix de Patton qui est au coeur des Templars, projet extrême et surpuissant. Entre jazz’n’punk, free, hardcore, métal et rock progressif, l’ancien chanteur de Faith No More surfe en chanson sur la partition viscéralement rock’n’roll de Zorn, une facette supplémentaire à son univers sans frontières. Ces deux performances musicales viendront encadrer l’Electric Masada, un des projets les plus fameux de John Zorn.