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ARTISTE

Isidore Isou

ROUMANIE
Isidore Isou, de son vrai nom Jean-Isidore Isou Goldstein, né le 29 janvier 1925 à Botosani, en Roumanie et mort le 28 juillet 2007 à Paris, est un poète, peintre, cinéaste et économiste français du XXe siècle. Il est le créateur du lettrisme (1945).

Isidore Isou, de son vrai nom Jean-Isidore Isou Goldstein, né le 29 janvier 1925 à Botosani, en Roumanie et mort le 28 juillet 2007 à Paris, est un poète, peintre, cinéaste et économiste français du XXe siècle. Il est le créateur du lettrisme (1945).

Né dans une famille juive, Isidore Goldstein fut formé par un père sévère et ambitieux. Enfant surdoué, il s'est précocement passionné pour les œuvres des grands auteurs de la littérature et de la philosophie. Selon son témoignage, il lisait Dostoïevski à treize ans, Karl Marx à quatorze, Proust à seize. C'est au cours de ces lectures, qu'en 1942, à seize ans et demi, il aura l'intuition d'un nouveau système poétique et musical, quand, à la lecture d'une phrase de Keyserling : « le poète dilate les vocables », une erreur de traduction l'a conduit à confondre « vocable » avec « voyelle », comprenant ainsi, dans sa langue roumaine natale, que « le poète dilate les voyelles ». Aussitôt, il rédige le Manifeste de la poésie lettriste, dont il dira que « réalisant l'universalité, nous créons une internationalité égale pour toutes les langues indifféremment de leur importance. Le profit et la perte de chaque nation étant égaux, nous réussirons à réaliser le vieux rêve de toute poésie. Que la poésie devienne transmissible n'importe où et qu'elle surpasse. La poésie lettriste, la première vraie internationale. »

Dans le même temps, il énoncera les lois d'une méthode de création qui prendra plus tard le nom de La Créatique ou la Novatique (1942-1976), et à partir de laquelle il redéfinira et transformera à peu près tous les domaines de la culture, des sciences aux arts en passant par les techniques, la philosophie, la théologie et la vie.

Fuyant les désastres de la Seconde Guerre mondiale, en compagnie de Serge Moscovici, il s’établit définitivement à Paris, au cœur du quartier Saint-Germain-des-Prés, où il arrive clandestinement en août 1945, après un périple périlleux de plusieurs semaines à travers l'Europe, avec, dans sa valise, les notes et les textes rédigés dans son pays natal, parmi lesquels figurent les manuscrits de ses premiers ouvrages.

Son souhait de propagation de ses conceptions le conduit à rencontrer des personnalités du monde intellectuel, Pierre Albert-Birot, André Gide, Tristan Tzara ou André Breton, par exemple.

Le 8 janvier 1946, Isidore Isou organise avec Gabriel Pomerand, son premier disciple, la première manifestation lettriste, qui sera le point de départ du groupe qui s'organisera autour de lui. Désireux de publier son œuvre manifeste, Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique, il obtiendra le soutien de Raymond Queneau et de Jean Paulhan, grâce auxquels l'ouvrage paraîtra à la NRF en avril 1947. C'est à la suite d'un scandale organisé au Théâtre du Vieux Colombier, lors d'une représentation d'une pièce de Tristan Tzara, que Gaston Gallimard acceptera de publier, en octobre de la même année, un ouvrage défini comme un roman, mais prenant la forme de « mémoires », L'Agrégation d'un Nom et d'un Messie, sur lequel Georges Bataille, dans sa revue Critique, écrira des pages aussi belles que grinçantes : « La vie du jeune Isou est celle de tout adolescent pourri de littérature (et d'innombrables connaissances), mais projeté à travers le monde par une impudence qui bouscule - et veut bousculer : Isou est infiniment grossier, sans mœurs et sans raison. » En réalité, la matière autobiographique de cette Agrégation visait en fait un but unique, celui de la démonstration l'accumulation d'un personnage parfait, réussi et vivant.

Suivront régulièrement de nouvelles et nombreuses publications en relations avec différents secteurs de la connaissance: Le surréalisme et André Breton (1948), L'économie politique et l'érotologie (1949), Les arts plastiques (1950), Le roman et la prose (1950), Le cinéma (1951), Le théâtre (1952), qui constitueront les premiers fondements d'un désir plus global de transformer radicalement la société, en s'appuyant sur les concepts d'« externité » (la jeunesse) et de créativité généralisée.

En 1951, en marge du Festival de Cannes, aura lieu la projection de Traité de bave et d'éternité, son film « ciselant » et « discrépant », dont une des principales originalités réside dans la dissociation de la bande-son et de la bande-image, et dont Jean Cocteau réalisera l'affiche. C'est à l'occasion de cette projection que Guy Debord rejoint pour quelque temps le mouvement lettriste, avant de s'en séparer dès 1952 pour fonder l'internationale lettriste, puis le mouvement situationniste.

En 1954, La Marche des jongleurs, l'une de ses premières pièces, sera montée par Jacques Polieri au théâtre de Poche.

Parallèlement, il anime le groupe lettriste au Salon Comparaisons, où il se lie d'amitié avec les peintres Andrée Bordeaux-Le Pecq, Rodolphe Caillaux et Maurice Boitel.

Au cours des années suivantes, Isidore Isou développera ces fondements pour les enrichir encore ; à ceux-ci, s'ajouteront de nouvelles découvertes, dans les sciences, la psychologie, le droit, les mathématiques, par exemple[réf. nécessaire]. En dehors de son premier film, son œuvre cinématographique compte aujourd'hui une vingtaine de réalisations, tandis que son œuvre plastique, dont les débuts datent de 1944, figure dans des collections importantes sans toutefois avoir encore fait l'objet d'une grande rétrospective.

En 1965 il enregistre le rituel somptueux pour la sélection des espèces.

Naturalisé français dans les années 1980, Isidore Isou s'est éteint le 28 juillet 2007, à l'âge de 82 ans. Ses cendres se trouvent au funérarium du Père-Lachaise, à Paris.

Les révélations fondamentales pour la musique et la poésie autant que pour l’esthétique en général qui sont définies dans le premier ouvrage publié en 1947 à la NRF par Isidore Isou, Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique, marqueront des générations d’artistes. Les commissaires de la récente manifestation Dadada 1916-2006 auront, exactement quarante ans après les découvertes majeures de cet ouvrage, l’occasion de réaffirmer que « la recherche lettriste d’Isou exercera par la suite une influence déterminante sur les théorisations et expérimentations futures de la poésie concrète, visuelle en en anticipant les contenus mêmes. » L’Agrégation d’un nom et d’un messie qui paraîtra la même année explicite sa vision multiplicatrice de la création.

Ces premières sommes seront propagées grâce à plusieurs coups d’éclat retentissants, comme celui du Théâtre du Vieux Colombier où, contre Tristan Tzara, il annonce la naissance d’une révolution poétique. Il rencontre les principaux intellectuels que compte le monde littéraire de son époque et, notamment, André Breton auquel, en vain, il a tenté de s’allier. Grâce à ses écrits, sa fracassante démarche lui permet non seulement de se faire un nom, mais également, par la fondation même d’un nouveau mouvement culturel, de dépasser toutes les écoles antérieures faisant encore autorité dans le panorama parisien de l’après-guerre.

Au-delà du bouleversement de la poésie et de la musique, Isou rénovera également l’ensemble des domaines artistiques, en particulier le théâtre (Fondements pour la transformation intégrale du théâtre, 1952) ou le cinéma (Esthétique du cinéma, 1952), sans oublier les arts plastiques avec l’invention de l’hypergraphie, basée sur l'organisation esthétique de lettres et de signes (1950), de l’Art Infinitésimal, basé sur des particules esthétiques imaginaires (1956), de l’Art Supertemporel, basé sur la participation infinie du public (1960), et plus récemment de l'excoordisme, basé sur les extensions et les coordinations de formes concrètes, imaginaires, ou inimaginables (1991-1992).

Des années 1950 aux années 1990, Isou sera l'auteur de plusieurs centaines d’œuvres plastiques, depuis sa série de toiles Les Nombres de 1952 jusqu'à ses œuvres excoordistes de 1991, en passant par ses fameux objets de « méca-esthétique » de 1960 et 1962, qui furent reconstitués en 1987 sous l'impulsion d’Éric Fabre, mécène et collectionneur, lors d'une rétrospective de l'artiste.

Isidore Isou investira également d’autres champs fondamentaux de la connaissance. Notamment l’économie politique avec son prophétique « Soulèvement de la jeunesse » qui mettra pour la première fois au premier plan l’importance de la jeunesse comme force authentiquement créatrice et révolutionnaire. Grâce aux efforts inlassablement répétés par son fondateur et les nombreux disciples qui se succéderont, la « dictature lettriste » survivra à tous les groupes éphémères ou néo-dada promus par les musées et le marché de l’art par de toujours nouvelles explorations, découvertes et publications, ainsi que la réalisation de très nombreuses œuvres dans les domaines les plus variés.

Son œuvre romanesque abondante se développera autour d’ouvrages théoriques et « pratiques » essentiels tel que Les Journaux des Dieux, roman « hypergraphique » où les mots se mêlent aux dessins et autres signes, précédée d'un Essai sur la définition, l’évolution et le bouleversement total du roman et de la prose (1950) qui apporte un regard neuf sur l’histoire et le devenir de cet art. S'ensuivront deux autres romans hypergraphiques : Initiation à la Haute Volupté (1960), et Jonas ou Le corps à la recherche de son âme (1984), édité par Gérard-Philippe Broutin. Avec Introduction à une esthétique imaginaire, de 1956, Isou définit un art basé l’imagination et les virtualités idéatiques dont s’inspireront d’une certaine manière les expressions conceptuelles qui jalonnent les années soixante et soixante-dix. La marque toujours plus novatrice de ce visionnaire concernera également le cinéma où son film Traité de bave et d'éternité (1951) dévoile la discrépance, c'est-à-dire une disjonction totale entre le son et l’image, reprise par Guy-Ernest Debord, et influencera et la Nouvelle vague et l'underground américain.

Dans le domaine économique, son Traité d’économie nucléaire, portant en sous-titre Le Soulèvement de la jeunesse , paru en 1949, met en évidence les véritables forces novatrices qui animent les sociétés humaines par la révélation de l’apport fondamental des couches externes et exclues de la population dont il démontre qu’elles sont seules capables d’aboutir à une « révolution créatrice permanente » pratique et spirituelle. Cet ouvrage combat un système scolaire sclérosé qui véhicule les valeurs fragmentaires et dépassées des idéologies héritées de l’humanisme idéaliste ou du marxisme pour proposer, notamment, un ensemble de réformes juventistes parmi lesquelles les plus importantes sont représentées par la nécessité d'accorder à tous les jeunes un crédit de lancement et d’instaurer la rotation systématique des hommes politiques aux postes de responsabilité.

Sa méthode de création, La Créatique ou la Novatique (1941–1976), permettra également à Isidore Isou d’investir le champ des sciences humaines (Manifeste pour une nouvelle psychokladologie et une nouvelle psychothérapie, 1971) et des sciences exactes avec, en particulier, les publications de Introduction à un traité de mathématiques (1964), Introduction à la géométrie para-stigmatique (1979), ou encore, Fondements pour une nouvelle physique, suivis de Fondements pour une nouvelle chimie (1987).

Cette édification cohérente et exhaustive de ce dessein créateur trouve son apogée dans la refonte globale de la société tendant vers les valeurs inédites d’une société « paradisiaque ».

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