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© pierrelaurentcassiere.com
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Un tryptique de miroirs verticaux sombres qui oscillent au gré de différentes vibrations et déforment l’environnement et les personnes qui s’y reflètent.

Un regard hâtif sur les œuvres de Pierre-Laurent Cassière pourrait laisser à penser qu'il s'agit là d'art sonore. Son travail est en réalité bien plus dense et plus étendu que ce champ. L'artiste nous donne lui-même quelques premières clés : à l'origine de son travail une passion pour l'instrument, l'objet, la lutherie, accompagné d'un fort intérêt pour la sculpture. Cherchant ensuite à se détacher de ce rapport à l'objet, il travaille dans le cadre de ses études sur « l'effet » dans l'art. Il va alors choisir de se focaliser sur cet « effet » pour mieux en définir les contours. Pour cela, il tâche de se départir de l'image, qui détourne la perception directe, et cherche en définitive à ne plus représenter.

Dans The Blue Ray, sa précédente pièce, l'idée de la brume et du nuage se matérialise au sein d’ un système s'inspirant des concepts du son optique, composé d'un rayon laser bleu noyé dans la brume et interagissant avec elle comme une tête de lecture sonore. Archéologue du son, il puise chez des pionniers du son et du cinéma expérimental des techniques, se les appropriant pour ensuite les tordre et concevoir des systèmes - organismes autogérés cousins de la cybernétique - utilisant le feed-back et la rétroaction comme alimentation. Nous gravitons dans l'épuration, l'abstraction, le minimalisme, tout est au service de l'effet et de la perception finale.

Sa dernière pièce s’intitule Distorsions. C’est un tryptique de miroirs verticaux sombres qui oscillent au gré de différentes vibrations et déforment l’environnement et les personnes qui s’y reflètent. Un bruissement sonore proche d'un vent électronique est généré par les mouvements des miroirs. Entre mini-tempêtes et accalmies, nous ressentons un plaisir particulier, celui de la contemplation d’une nature totalement abstraite, dans laquelle le regard et l'ouïe se perdent.

Il y a toutefois ici des aspects plus inquiétants, une tension sous-jacente, qui se dévoile lorsque l’on fait le tour de l’œuvre et que l’on y voit ces morceaux imposants de bois qui portent la structure et qui évoquent des potences. Le terme « distorsions »  prend alors un tout autre sens. La torture de reflets insaisissables. On examine aussi ces petit moteurs hypnotiques qui font vibrer les plaques, semblables à de petits projecteurs. On réalise alors que l’on a aussi affaire à du cinéma, une forme contemporaine de cinéma qui ne cherche pas à représenter, à montrer des images, mais plutôt à tout faire pour les éviter.

Peu importe comment cette pièce peut être définie -sculpture cinétique étant peut-être ce qui s’en rapproche le plus- elle est avant tout une expérience perceptive poétique marquante, le souvenir d'un reflet.

Benoît Montigné

Voir la vidéo de Distorsions

Pierre-Laurent Cassière sera exposé à Los Angeles, du 17 octobre au 15 décembre dans le cadre de l'exposition « The end of the night », organisée par la curatrice Martha Kirszenbaum, aux côtés de Julio Le Parc, Florian & Michael Quistrebert et Isabelle Cornaro. Cette exposition est l'autre versant d'une double exposition comprenant « La fin de la nuit » montrée récemment dans le cadre de “Nouvelles vagues” au Palais de Tokyo. Sa thématique s'articule autour du film inachevé de Clouzot, « L'Enfer ».

 

 
 
 

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BIOGRAPHIE(S)

ARTISTE /

Pierre-Laurent Cassière

Influencé par des domaines variés allant de l’archéologie des médias à l’architecture, en passant par les sciences physiques, la systémique, la musicologie ou la physiologie, le travail de Pierre-Laurent Cassière se concentre en premier lieu sur des expériences perceptives liées au mouvement et à l’espace. La lumière, le son et les champs vibratoires y sont autant de matériaux plastiques et conceptuels liant le corps à son environnement et jouant avec les limites du sensible.